Que c'est difficile d'écrire le dernier article, que c'est difficile de faire route à nouveau vers l'ouest, que c'est difficile de dire au revoir aux amis, que c'est difficile de laisser notre bateau-maison, que c'est difficile de clore ce voyage ...
Le 30 juillet, nous faisons à nouveau route vers l'ouest, tous les trois à bord de Cocody. Il nous reste encore quelques jours pour profiter des merveilleux mouillages de la baie de Göcek (Sarsala, Seagull bay, Uckuk Kuyuk... pas les mêmes qu'à l'aller!), avant de revenir vers Marmaris.
Nous rejoignons la ville de Göcek pour nos dernières courses. L'orage gronde et nous pouvons prendre une douche sous la pluie : nous sommes le 2 août et cela fait plus de 3 mois que nous n'avons pas vu de pluie ! Elle est restée sur la France mais je ne voudrais fâcher personne ...
Après une halte au mouillage de Baba Adasi dans la baie de Dalaman où nous passons une nuit agitée, notre dernière traversée (7h de près !) nous ramène à Citlik au ponton de chez Mehmet le 5 août. Le lendemain, nous sommes confortablement installés chez Mehmet quand un bateau (dont je ne cite ni le nom, ni la nationalité car je suis pour la paix des peuples) se rapproche pour s'amarrer à couple de Cocody. Nous avons juste le temps de courir pour parer le bateau qui arrive en marche avant à fond et monte sur le ponton le déplaçant d'un mètre !
Le "chauffard" nous précise que sa marche arrière ne fonctionne plus et preuve à l'appui il la passe en force et arrache les anneaux d'amarrage du ponton !!
Pour le coup, Mehmet a perdu le beau sourire dont il ne se séparait jamais. Aucun dégât sur Cocody grâce à notre sprint salvateur, mais nous sentons qu'il est temps de le ramener à Marmaris avant qu'un malheureux hasard ne nous le réduise en miette. Nous sommes en août et depuis quelques jours nous trouvons sur l'eau beaucoup plus de vacanciers qui ont loué un bateau qu'ils ne savent absolument pas manoeuvrer.
La dernière semaine se passe à Yat Marine à Marmaris, où nous vidons entièrement le bateau pour faire le tri de ce qui part, de ce qui reste. Il faut trier, nettoyer, emballer et respecter les 90kg de bagages maximum que nous pouvons ramener.
Cocody va en effet rester sur un chantier à sec en Turquie, jusqu'à nos prochaines vacances (en mai 2013 ?). Nous, nous rentrons en avion à Paris le 14 août.
C'est un dur labeur sous la chaleur de l'été turc et le coeur n'y est plus, la fin de cette année sabbatique approche, le retour aussi. Seul Nathan profite de la piscine en toute insouciance, tant mieux.
Pour échapper à la déprime, nous accélérons et le bateau sort de l'eau le samedi 11 août à 16h. Puisque notre avion du retour décolle de Rhodes, nous y avons organisé un petit périple touristique de 2 jours. Cocody est bâchée, hiverné, et nous lui jetons un dernier regard mouillé de larmes depuis la fenêtre du taxi qui nous emmène au ferry.
Rhodes est une ville fortifiée spectaculaire et magnifique, très fréquentée en été, et le choc est rude pour nous qui étions habitués à plus de calme. Cependant c'est une bonne chose de marcher pour découvrir ses ruelles et ses plages, c'est aussi le sas de décompression entre l'émotion du départ de Marmaris et celle de l'arrivée à Paris.
Nous sommes partagés entre la tristesse de voir cette année se terminer, de laisser notre bateau et le plaisir de retrouver notre famille, nos amis et collègues.
Encore plus qu'avant de partir, nous sommes convaincus que le mode de vie itinérant en voilier est ce qui nous plait et nous convient. Nous avons aussi apprécié la solidarité et la convivialité entre plaisanciers/voyageurs. Nous avons emmagasiné de superbes souvenirs, découvert des paysages époustouflants et fait de merveilleuses rencontres. Ce qui est certain c'est que chacun de nous trois a trouvé son bonheur dans ce voyage.
Nathan, Emma et Laurent